Le prix de l’électricité de l’EDF : les conséquences de son accord avec l’état
La stabilisation du prix de l’électricité de l’EDF est devenue un vrai casse-tête pour l’État et pour l’EDF lui-même. En effet, le prix du nucléaire devrait être abordable aux publics tout en étant rentable à l’EDF afin que ce dernier puisse financer ses investissements aux projets à venir. Finalement, les deux ont conclu un accord, le 14 novembre 2023, qui définit le prix de l’électricité de l’EDF en 2023 de 42 euros/MWh qui passeront de 70 euros en 2026. Cela permet de répondre aux besoins de l’EDF et aux consommateurs (ménage, entrepris…). Toutefois, ce compromis peut nuire à l’EDF sur le long terme, puisque cela entraînera de nombreuses conséquences. Alors quels sont les impacts de cet accord sur l’EDF ?
L’accord du gouvernement et de l’EDF sur le prix de l’électricité
L’accord a permis aux deux parties d’avoir ses propres avantages, mais c’est un pari risqué pour l’EDF. Voyons d’abord, les causes et les caractéristiques de cet accord.
L’origine du nouvel accord entre l’état et l’EDF
Tout d’abord, ce nouvel accord a été mis en œuvre à cause du dispositif Arenh qui prendra fin en 2025. Ce dispositif, créé en décembre 2010 par la loi NOME, consistait à contraindre à l’EDF de vendre une part de sa production électrique nucléaire à d’autres fournisseurs. Ces derniers, à leurs tours, peuvent alors revendre l’électricité à un prix abordable pour les consommateurs. Soit de 100 TWh sur les 377 TWh que l’EDF produisait chaque année. Ceci a pour but de créer de la concurrence sur le marché électrique. De ce fait, depuis 2012, le prix de l’électricité chez EDF est de 42 euros par MWh.
Malheureusement, l’EDF n’a pas été assez satisfaite de ce tarif puisqu’il est assez proche du prix de gros qui se vendait entre 40 et 50 euros. Mais la donne a changé à cause du covid-19 et de la guerre Russie-Ukraine qui ont provoqué une crise énergétique. L’évolution du prix de l’électricité EDF a été très brusque, passant de 40 à 200 euros/MWh. De ce fait, un nouvel accord a été nécessaire pour réguler le prix de l’électricité EDF tout en préservant les consommateurs.
Les différents aspects de l’accord
L’accord entre l’EDF et le gouvernement se caractérise par un ensemble de règles visant à avantager les 2 parties en même temps. D’un côté, l’EDF doit être absolument rentable pour être apte à poursuivre les projets à venir et de l’autre côté, le gouvernement peut maintenant stabiliser le prix de l’électricité auprès des consommateurs et des entreprises. L’augmentation du prix de l’électricité d’EDF sera alors inévitable pour le bien du gouvernement, de l’EDF, des consommateurs et du marché de l’électricité en général. Voici alors les principaux aspects de cet accord :
- L’accord sera appliqué dès 2026 avec la fin du bouclier tarifaire en décembre 2024 et la fin du dispositif Arenh en 2025 ;
- Le prix du Mégawatt de l’électricité sera de 70 euros à partir de 2026 ;
- Le nouveau prix s’appliquera sur l’ensemble de la production électrique de l’EDF ;
- L’EDF ne sera plus soumise au contrat de différence ;
- L’EDF peut maintenant vendre son électricité à l’étranger avec des prix plus importants ;
- Le prix fixe de l’électricité de l’EDF sera stabilisé à long terme pour les consommateurs.
Malgré tout, l’EDF s’affaiblira avec ce nouvel accord parce que de nouveaux paramètres viennent s’insérer sur ses plans.
Les conséquences de cet accord sur l’EDF
En fait, la raison pour laquelle l’état a accédé à la requête de l’EDF est la construction des nouvelles centrales nucléaires ainsi que la maintenance de centrales dégradantes. Ce projet coûtera une centaine de milliards d’euros, impossible pour l’EDF avec les conditions actuelles. Le prix du rachat de l’électricité proposé par l’EDF à l’étranger permettra l’investissement nécessaire aux parcs nucléaires.
Les conséquences subites par l’EDF
L’EDF prend quand même certains risques avec cet accord, puisque :
- L’EDF devra stabiliser le prix de l’électricité nucléaire pour protéger les consommateurs des fluctuations du marché électrique ;
- Le tarif (70 euros/MWh) annoncé aux consommateurs n’inclut pas d’autres coûts comme l’utilisation du réseau électrique, ce qui provoquera des hausses de prix supplémentaire ;
- L’accord stipule aussi un système de redistribution des bénéfices d’EDF aux consommateurs au cas où ses revenus dépasseraient les 80 euros par MWh.
- Les bénéfices d’EDF seront aussi lourdement taxés à cause de la résiliation du contrat par différence ;
- La renationalisation totale de l’EDF.
De ce fait, l’EDF mise surtout sur la stabilisation du prix du marché électrique, sur ses bénéfices et sur la souplesse des consommateurs pour espérer les investissements à grande échelle et pour annuler les dettes. De plus, l’EDF devrait attirer les grandes industries afin de lier des contrats permettant d’en tirer le maximum de bénéfice et de se protéger des fluctuations du marché électriques.
Des incidents désavantageant l’EDF
La situation actuelle handicape déjà l’EDF et ses nouvelles conditions. En effet, la diminution de la demande d’énergie sur toute l’Europe commence à se ressentir. C’est dû à plusieurs facteurs comme :
- Le développement de l’énergie renouvelable ;
- La diminution des nombres d’industries ;
- La modération de la consommation d’énergie par les entreprises et les ménages ;
- La baisse des prix de gros de l’électricité ;
- La reprise de la production nucléaire à grande échelle.
Par conséquent, le pari d’EDF de se relancer avec ce nouvel accord risque de se retourner contre lui-même. Ses choix politiques et stratégiques sont toujours à revoir malgré les débats incessants sur le sujet.