Réindustrialisation : l’Europe délaissée
À cause de la transition énergétique et de la guerre Russie-Ukraine, l’UE a décidé de miser sur la réindustrialisation massive afin d’être indépendante dans de nombreux secteurs cruciaux. En effet, la part des investissements industriels mondiaux du continent n’est seulement que de 6,7% selon le baromètre, ce qui est très peu. Les Européens, en déclin, tentent alors d’établir un plan de réindustrialisation pour relever son économie et pour réussir une des étapes du pacte vert. Mais la tâche semble être difficile selon à cause de nombreux obstacles. Alors, pourquoi l’Europe est-elle délaissée ? Et pourquoi la réindustrialisation est-elle si importante pour l’Europe ?
Réindustrialisation : définition
Avant d’entrer dans le vif du sujet, découvrons d’abord ce qu’est la réindustrialisation.
C’est quoi la réindustrialisation ?
C’est la croissance de l’industrie via à des politiques de réindustrialisation qui participe grandement aux accroissements de la richesse nationale. Elle affecte alors directement le produit intérieur brut ou PIB du pays et bien évidemment son économie.
Réindustrialiser un pays consiste à augmenter le nombre des industries locales et à renforcer et améliorer les industries déjà présentes. En d’autres termes, en fonction de sa politique, le pays peut rapatrier ses industries à l’étranger, de les inciter à créer des industries locales ou de juste favoriser la création d’industrie pour tous. Son vrai but est alors de faire accroître les biens ou les ressources produites par les industries pour développer l’économie et de réduire la dépendance face aux autres nations.
L’Europe et la réindustrialisation
Mais actuellement, l’Europe est dans une impasse, car la pandémie, la guerre Russie Ukraine et la transition écologique ont affecté grandement les chaînes d’approvisionnement dont elle dépendait. De ce fait, l’inflation a régné sur le vieux continent, ce qui a affecté toute l’économie européenne. De ce fait, la succession des crises a forcé l’Europe à prévoir son plan de relance réindustrialisation afin d’assurer leur souveraineté industriel. De plus, leur but principal est d’être autonome en énergie, sauf que pour l’instant, les résultats sont encore loin du compte.
Pourquoi l’Europe est-elle négligée au profit des autres pays ?
Nonobstant les différents précédents plans de réindustrialisation de l’Europe, elle ne compte que 6,7% des investissements mondiaux pour les industries. Pourquoi une telle déception ?
Un problème d’énergie
La guerre Russie-Ukraine et la transition énergétique ont créé une crise énergétique sans précédent pour l’Europe. Ce qui a causé une inflation qui a atteint tout le continent. Les plans pour accélérer la réindustrialisation ont totalement échoué puisque même les multinationales européennes n’ont investi que 35% de leurs budgets totaux sur l’Europe. De plus, seuls 46% de leur projet ont abouti sur l’Europe.
L’affaiblissement de ce secteur secondaire se voit surtout sur le domaine énergétique comme les énergies fossiles et renouvelables. 90% des entreprises d’hydrogènes, 64% des voitures électriques et 75% des renouvelables ont décidé d’investir hors Europe. D’autre part, sur les 2200 milliards d’investissements des Américains et des Européens depuis 2016, l’Europe n’a reçu que 700 milliards. De ce fait, selon Trendeo, il y a eu une petite augmentation d’investissement depuis 2015, pourtant il n’y a rien sur ces 18 derniers mois. En fait, cette élévation est due, en grande partie, à cause de la reprise économique post-Covid.
Les 50 ans de désindustrialisation
Depuis 1970, l’Europe a subi une importante perte concernant les valeurs du secteur secondaire. Cela a entrainé la diminution générale du PIB européen de 29 à 22% sur les années 1990-2021. La reprise économique post-covid a provoqué un petit bond avant d’être constante jusqu’en cette fin 2023 malgré les mesures de l’état pour la réindustrialisation massive. Voici plusieurs facteurs de la désindustrialisation :
- Délocalisation importante ;
- Réduction de main-d’œuvre ;
- Tertiarisation de l’économie;
- Compétitivité insuffisante ;
- Externalisation massive des entreprises industrielles.
L’industrialisation dans le reste du monde
Si pour l’instant, l’Europe ne parvient pas à se réindustrialiser, certains pays arrivent à progresser dans le domaine. La Chine domine encore sur le marché des investissements malgré leur recul tandis que les États-Unis sont en hausse.
La Chine encore dominante
À cause de nombreuses restrictions (surtout sur le plan électronique) subies par les Chinois, les investissements en Chine sont en baisse de 28% cette année. Cela peut aussi s’expliquer par le fait que l’impact carbonique de la Chine est encore assez important par rapport aux autres pays. La pandémie a quand même boosté les exportations de la Chine partout dans le monde. Cela a été multiplié par 5 rien qu’en Europe, entraînant ce dernier à être dépendant.
Toutefois, les investissements ont augmenté en Asie, notamment en Corée du Sud grâce à Samsung et son projet de 258 milliards de dollars. Il consiste à créer 5 usines de semi-conducteurs sur les territoires d’industries du pays. Les investissements en Indonésie et en Mexique sont aussi en hausse contrairement à celui de l’Afrique et de l’Europe.
La remontée des États-Unis
Économiquement, les États-Unis sont devenus très attrayants, ce qui leur permet de bénéficier plus d’investissement, soit de 309 milliards de dollars. Le baromètre a enregistré une hausse de 4% avec une part de 23,5 % des investissements mondiaux pour les USA. Cette hausse est aussi due à leur ouverture vers la réindustrialisation et à l’Inflation Reduction Act (IRA). En effet, le coût de l’énergie est trois fois moins que celui de l’Europe avec des conditions très favorables. Paradoxalement, ce sont surtout les Européens qui y investissent en Amérique pour les semi-conducteurs et les véhicules électriques.
Les stratégies européennes pour relancer la réindustrialisation
Pour pallier leurs faiblesses, l’Europe propose de renouveler leur aide à la réindustrialisation et leurs politiques industrielles.
Le PIIEC
LE PIIEC ou les projets importants d’intérêt européen commun consistent tout simplement à financer des projets par les moyens de subventions publics pour les financements privés. En résumé, le gouvernement encourage réindustrialisation pour inciter les investisseurs à investir en Europe. Ce dispositif est surtout destiné pour promouvoir surtout les innovations de rupture et la transition énergétique.
Le PIIEC a été lancé la première fois en 2018 concernant la microélectrique. En effet, dans chaque secteur, domaine ou produit, un PIIEC peut être mis en place. De ce fait, il existe différentes sortes de PIIEC comme pour les cellules et modules de batteries automobiles, l’hydrogène, l’IA, le 5G…
Coordonner les actions des pays de l’UE
Pour faire face aux puissances extérieures, les pays de l’UE doivent s’unir et appliquer les mêmes directives au lieu du chacun-pour-soi. Si les pays décident de se réindustrialiser pour leurs propres intérêts, il y aura, à coups sûr, des conflits qui éloigneraient les investisseurs. En revanche, s’ils suivent les mêmes directives allant dans un sens, cela sera facile pour les investisseurs de comprendre les enjeux. Pour cela, l’UE devra développer un fonds commun pour mieux accueillir les nouvelles entreprises dans des conditions favorables, selon Thomas Pellerin-Carlin, directeur du programme Europe de l’Institut de l’économie pour le climat.
L’Europe mise sur la transition énergétique et écologique
Emmanuel Macron, le président de la France affirme que : « accélérer notre réindustrialisation est notre priorité principale ». L’avantage de l’Europe réside dans son impact carbonique très faible par rapport à la Chine ou États unis. En effet, l’UE a pris un engagement pour la neutralité carbone en 2050. Or, de plus en plus de projets sont maintenant en faveur de l’environnement. Mais c’est aussi l’une des raisons à laquelle 35% des projets actuels sont incompatibles en Europe. Néanmoins, elle abritera plus de 50% des industries à faible émission de CO2 d’ici 2035.
Malheureusement, les conséquences de la réindustrialisation sur l’économie seront lourdes et ne passeront pas inaperçues. Les budgets de l’Etat doivent alors être plus renforcés, ce qui implique plus d’impôts et plus de taxes.
